Kinetic Art de Naoko Tozawa : l’équilibre poétique du mouvement

Ce soir-là, à l’auditorium de Seyno nous avons assisté à une performance singulière, presque mystique : Kinetic Art, un solo chorégraphié et interprété par Naoko Tozawa. Cette création se présente comme une cérémonie artistique, un rite de passage ouvrant un nouveau chapitre de son parcours.

Une chorégraphie entre pause et mouvement

Naoko Tozawa revisite, approfondit et peaufine dans cette pièce les mouvements qui forment la signature de son écriture chorégraphique. Kinetic Art n’est pas seulement une performance dansée : c’est un langage corporel où chaque geste, chaque pose (ou freeze), chaque transition est pensée comme un mot dans une poésie en mouvement.

L’artiste s’appuie sur le vocabulaire du breakdance, dont elle explore avec finesse les positions d’équilibre. Ce qui l’intéresse ici, ce n’est pas la démonstration de force ou la virtuosité, mais le potentiel poétique du corps en torsion, en courbe, suspendu dans l’espace.

Un « beau breakdance » tout en nuances

Naoko Tozawa parle elle-même de « son beau breakdance » : une manière personnelle, épurée et sensible de revisiter cette danse urbaine, en y injectant douceur, lenteur et mystère. On est loin des battles et de la vitesse, mais proche d’un art de la contemplation.

Le résultat : une série de tableaux vivants où chaque pose semble dialoguer avec la suivante. Le corps devient sculpture, le silence devient rythme. Le spectateur n’est pas seulement invité à regarder, mais à ressentir, à interpréter.

Une expérience sensorielle et intime

Le spectacle se déploie sans musique. Ce silence assumé donne toute la place au corps, à sa respiration, à sa texture. À certains moments, seule une main est visible, ou une épaule en tension. Ces fragments de corps racontent une histoire, faite d’équilibres fragiles, de bascules lentes, d’arrêts inattendus.

En sortant, on se rend compte que Kinetic Art ne se raconte pas comme une narration classique. Il se vit. Il se reçoit.