×

L’effet Mère de Carmel Loanga : un solo puissant entre danse et manifeste

L’effet Mère de Carmel Loanga : un solo puissant entre danse et manifeste

Il y a des spectacles qui vous laissent une empreinte profonde, de celles qui remuent plus que l’âme. L’Effet Mère, solo chorégraphique de Carmel Loanga, présenté à l’auditorium de Seynod, fait indéniablement partie de cette catégorie. Officiellement, j’avais acheté mes billets pour une soirée de danse hip-hop. Dans les fait j’ai assisté à un manifeste brûlant d’intensité, un seul-en-scène vibrant, intime, et puissamment engagé.

Une artiste aux multiples facettes

Carmel Loanga n’est pas une inconnue dans le paysage chorégraphique contemporain. Danseuse et chorégraphe confirmée, elle dispense régulièrement des cours et multiplie les créations. Elle a également été étudiante en cinéma, un élément fondamental qui irrigue toute sa démarche artistique. Elle ne se contente pas de chorégraphier des mouvements : elle réalise des récits scéniques comme on construit des films. Ce mélange des genres, cette hybridité entre la danse, le théâtre et le cinéma, donne à ses œuvres une densité particulière, quasi cinématographique.

Un solo qui dépasse la danse

Dès les premières minutes de L’effet Mère, la mise en scène théâtrale capte l’attention. On s’attend à une pièce, plus qu’à un spectacle de danse. Et de fait, il est difficile de qualifier ce que l’on voit uniquement de « danse », encore moins de « hip-hop ». Il y a bien des mouvements, une gestuelle puissante et expressive, mais surtout une prise de parole, une incarnation. Carmel Loanga habite littéralement son espace, comme si chaque geste naissait du propos, comme si le corps parlait au-delà des mots.

Le cœur de ce manifeste ? La figure de la femme noire, mère, enracinée, traversée par le flux de la vie. C’est un cri, un hommage, une revendication. L’artiste interpelle le public sans filtre, parfois même en le faisant participer activement. L’énergie est là, brute, directe, presque dérangeante. Mais c’est précisément cette frontalité qui rend l’expérience inoubliable.

Une forme inclassable, un message fort

Ce genre d’œuvre ne laisse personne indifférent. Elle échappe aux cases, dérange parfois, questionne souvent. Et c’est tant mieux. Carmel Loanga prend le risque de déplaire pour mieux faire entendre son message, sa vision, son identité. Ce n’est pas une simple performance, c’est un miroir tendu au spectateur, une invitation à réfléchir sur des figures trop souvent invisibilisées.

Il est fort probable qu’une seule représentation ne suffise pas à en capter toutes les nuances. L’Effet Mère mérite une seconde lecture, pour saisir pleinement la richesse du propos, la finesse du travail chorégraphique et la puissance émotionnelle qu’il véhicule.

En somme, Carmel Loanga signe ici une œuvre personnelle, politique et profondément humaine. Un spectacle qui bouscule, interroge, mais surtout qui reste. Une pièce qui prouve qu’en art, l’émotion et le sens peuvent se fondre dans un même geste.

Laisser un commentaire